En Libye, le premier ministre soutenu par l’ONU rencontre son premier obstacle

من طرف brokenpen82 السبت 9 أبريل - 11:11

Un premier obstacle vient de se dresser devant Faïez Sarraj, le chef du gouvernement d’« union nationale » arrivé le 30 mars à Tripoli, par voie de mer, afin de tenter d’installer son pouvoir. Durant les six premiers jours, tout semblait se passer à merveille pour celui que les Nations unies promeuvent comme le futur patron d’une Libye réconciliée : aucun affrontement armé, ralliement de forces politiques et militaires locales, sympathie a priori de la population de la Tripolitaine (Ouest). Et pour couronner le tout, le gouvernement régnant de facto (non reconnu par la communauté internationale) à partir de Tripoli sur l’essentiel de la Libye occidentale – un exécutif issu du bloc politico-militaire baptisé, en 2014, « Fajr Libya » (« aube de la Libye ») – annonçait, mardi 5 avril, renoncer à son pouvoir.

Or, une première déconvenue a surgi au septième jour. Mercredi, Khalifa Ghweil, le premier ministre du gouvernement de facto de Tripoli, prétendument démissionnaire, a déclaré n’avoir en fait jamais démissionné. Et il a mis en garde M. Sarraj et son équipe contre toute tentative de prendre possession des ministères.

En lui-même, cet accroc n’est pas de nature à ébranler le scénario mis au point par les Nations unies pour installer le gouvernement de M. Sarraj au pouvoir. Car la véritable hypothèque qui pèse sur son avenir est ailleurs. Elle réside dans l’impératif, pour lui, de recevoir l’investiture de l’Assemblée siégeant à Tobrouk, à 1 300 kilomètres à l’est de Tripoli. Seule cette instance législative est habilitée à légaliser le gouvernement de M. Sarraj. Après avoir échoué à le faire une demi-douzaine de fois (quorum non atteint, obstruction au vote…), l’Assemblée doit se réunir de nouveau le 12 avril. L’un des points de blocage reste le sort du général Haftar, le chef de l’Armée nationale libyenne (ANL), figure populaire de la Cyrénaïque et champion du camp ant-islamiste. Si l’Assemblée de Tobrouk n’obtient pas les assurances du maintien de M. Haftar à la tête de l’armée, il est à prévoir qu’elle refusera l’investiture du nouveau gouvernement. Ce dernier restera dès lors illégal.

Dans ce contexte, la résistance affichée de M. Ghweil est loin d’être insignifiante. Car plus l’investiture de M. Sarraj tarde, plus les forces hostiles à son gouvernement en Tripolitaine risquent de se réorganiser. Assommées dans un premier temps par son débarquement inopiné du 30 mars, ces éléments anti-Sarraj reprennent confiance en eux. Awad Abdoul Saddeq, le premier vice-président du Congrès général national (CGN) – le « Parlement » non reconnu de Tripoli – affirme que M. Sarraj a « envahi » Tripoli et que son gouvernement est « illégitime ». Un enlisement de la procédure d’investiture à Tobrouk empêcherait la nouvelle équipe de M. Sarraj de fonctionner harmonieusement alors que les attentes de la population, étranglée par la crise des liquidités due à la chute des revenus pétroliers, sont immenses. « La situation demeure très incertaine », met en garde un haut fonctionnaire.

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