Sarkozy-Kadhafi: la preuve du financement. Comment peut-on accepter ça
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Sarkozy-Kadhafi: la preuve du financement. Comment peut-on accepter ça
Allain Jules
L'information déjantée,
au Kärcher, et la liberté d'expression dans sa quintessence: "Mieux vaut
mourir debout que de vivre à genoux" Dolores Ibárruri Gómez
Sarkozy-Kadhafi: la preuve du financement. Comment peut-on accepter ça ?
Publié le28 avril 2012
17
Comment peut-on faire
assassiner celui qui vous a reçu à sa table ? Comment peut-on faire
assassiner quelqu’un qui a financé votre campagne électorale ? A gerber.
(Allain Jules)
Le régime de Mouammar Kadhafi a
bien décidé de financer la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en
2007. Mediapart a retrouvé un document officiel libyen qui le prouve.
Cette note issue des archives des services secrets a été rédigée il y a
plus de cinq ans. L’en-tête et le blason vert de la Jamahiriya
préimprimés s’effacent d’ailleurs légèrement. Ce document, avec
d’autres, a échappé aux destructions de l’offensive militaire
occidentale. D’anciens hauts responsables du pays, aujourd’hui dans la
clandestinité, ont accepté de le communiquer à Mediapart ces tout
derniers jours.
Dès 2006, le régime libyen avait choisi « d’appuyer la campagne électorale» de Nicolas Sarkozy à la présidentielle de 2007, et ce pour un « montant de cinquante millions d’euros » :
c’est ce qu’indique en toutes lettres cette note datée du 10 décembre
2006, signée par Moussa Koussa, l’ancien chef des services de
renseignements extérieurs de la Libye.
Un accord « sur le montant et les modes de versement » aurait
été validé quelques mois plus tôt par Brice Hortefeux, alors ministre
délégué aux collectivités locales, en présence de l’homme d’affaires
Ziad Takieddine, qui a introduit dès 2005 en Libye les proches du
ministre de l’intérieur, notamment Claude Guéant, et Nicolas Sarkozy
lui-même. Le directeur de cabinet de Mouammar Kadhafi, Bachir Saleh,
alors à la tête du Libyan African Portfolio (LAP, soit l’un des fonds
d’investissement financier du régime libyen), aurait de son côté été
chargé de superviser les paiements.
revanche, il pense que ce document est crédible, vu la date et les
personnes qui apparaissent dans ce document outre lui-même. »
« Ce document prouve qu’on est en présence d’une affaire d’Etat, que ces 50 millions d’euros aient été versés ou non, a lui-même commenté M. Takieddine, rencontré par Mediapart vendredi 27 avril. L’enquête
sera difficile parce que beaucoup d’intervenants sont morts pendant la
guerre en Libye, mais c’est déjà important de rendre public ce
document ». Cette réponse de Ziad Takieddine – malgré son hostilité
exprimée de multiples fois à notre égard – est celle d’un acteur clé de
la lune de miel franco-libyenne, qui a secrètement conseillé Claude
Guéant jusqu’à la veille de la guerre, comme en attestent de nombreuses
notes publiées par Mediapart.
L’une d’entre elles, rédigée le 6
septembre 2005 par Ziad Takieddine et adressée à Claude Guéant,
affirmait ainsi que certains pourparlers franco-libyens devaient« revêtir
un caractère secret ». « L’autre avantage : plus d’aise pour évoquer
l’autre sujet important, de la manière la plus directe…», précisait le document, mystérieusement.
L’élément nouveau que nous
publions aujourd’hui vient désormais confirmer les accusations portées
par les principaux dirigeants libyens eux-mêmes peu avant le
déclenchement de la guerre sous l’impulsion de la France, en mars 2011.
Mouammar Kadhafi, son fils Saïf al-Islam et un ancien chef des services
secrets, Abdallah Senoussi, avaient en effet tous trois affirmé
publiquement détenir des preuves d’un financement occulte du président
français. La découverte de la note de M. Koussa exige désormais que
s’engagent des investigations officielles – qu’elles soient judiciaires,
policières ou parlementaires – sur cet épisode sombre et occulte des
relations franco-libyennes.
La face cachée de l’arrivée de
Nicolas Sarkozy sur la scène libyenne, en 2005, puis en 2007,
apparaissait déjà en filigrane dans le dossier des ventes d’armes à
l’Arabie Saoudite et au Pakistan instruit par les juges Renaud Van
Ruymbeke et Roger Le Loire, en particulier à travers l’activité de
lobbying déployée par M. Takieddine en faveur de l’ancien ministre de
l’intérieur auprès de Tripoli. Or l’enquête entre leurs mains vient
d’être élargie par un réquisitoire supplétif, le 5 avril dernier, à tous
les faits de blanchiment présumés apparus jusqu’à ce jour.
Les investigations visent
l’intermédiaire, mais aussi plusieurs proches du chef de l’Etat, Thierry
Gaubert, Brice Hortefeux, Nicolas Bazire ou encore plus indirectement
Jean-François Copé. Echappée des secrets de la dictature déchue, la note
décisive que nous reproduisons ci-dessus – et dont la traduction
intégrale est sous l’onglet Prolonger — vient en outre confirmer les
propos de l’ancien médecin de M. Takieddine, qui avait suivi alors les
déplacements de l’homme d’affaires, notamment en Libye, et avait
rapporté des projets de financement de la campagne présidentielle de
Nicolas Sarkozy par la Libye.
Selon des connaisseurs du régime
libyen à qui nous l’avons soumis, ce document, dont le signataire et le
destinataire appartenaient au premier cercle de Kadhafi, est conforme,
jusque dans son style, aux habitudes bureaucratiques du régime. Outre
celle du calendrier grégorien, la deuxième date qui y figure conforte
son authenticité: elle n’est pas celle du calendrier musulman habituel,
mais de celui imposé par le dictateur, qui part de l’année du décès du
prophète Mahomet, l’an 632.
Un document authentique, selon Ziad Takieddine
Depuis plusieurs mois, nous avons
entrepris des recherches pour retrouver des dépositaires d’archives du
régime déchu, en rencontrant à Paris et à l’étranger plusieurs
représentants de factions libyennes, dont certaines avaient conservé des
documents et d’autres s’en étaient emparé, en marge des affrontements
armés. Ainsi, Mediapart a publié ici, dès le 10 avril dernier, des
documents des services spéciaux libyens demandant des mesures de
surveillance d’opposants toubous domiciliés en France.
publions aujourd’hui, sous la signature de Moussa Koussa, a été adressé,
le 10 décembre 2006, à un ancien homme clé du régime libyen, Bachir
Saleh, surnommé le « caissier de Kadhafi ». Directeur de cabinet du
“guide” déchu, M. Saleh était aussi le responsable du Libyan African
Portfolio (LAP), le puissant fonds souverain libyen crédité de plus de
40 milliards de dollars. Sous l’ère Kadhafi, le LAP a servi à
d’innombrables opérations d’investissement. Certaines avouables
(tourisme, pétrole, agriculture, télécommunications…). Et d’autres
moins, comme l’ont confirmé plusieurs sources libyennes concordantes.
Contacté sur son numéro de téléphone portable français, M. Saleh n’a pas
donné suite à nos sollicitations.
Connu pour avoir été l’un des
plus proches collaborateurs de Mouammar Kadhafi et le mentor de deux de
ses fils (Motassem et Saïf al-Islam), Moussa Koussa a quant à lui été le
patron pendant plus de quinze ans, entre 1994-2011, des services
secrets extérieurs libyens (l’équivalent de la DGSE française), avant de
devenir le ministre des affaires étrangères de la Libye.
Notons que l’auteur de cette note
et son destinataire ont vécu, à l’heure de la chute du régime Kadhafi,
des destins similaires. Moussa Koussa vit actuellement au Qatar, sous
protection, après avoir fui la Libye en guerre, en mars 2011, ralliant
d’abord Londres, puis quelques semaines plus tard Doha. Bachir Saleh,
emprisonné brièvement par les rebelles du Conseil national de transition
(CNT) avant d’être relâché en août dernier, a été exfiltré et accueilli
par les Français. Comme l’a rapporté Le Canard enchaîné, lui
et sa famille bénéficient toujours de la protection des autorités
françaises qui leur ont accordé un titre de séjour provisoire.
Les deux paragraphes écrits par Moussa Koussa sont sans équivoque sur le sujet explosif abordé. «En
référence aux instructions émises par le bureau de liaison du comité
populaire général concernant l’approbation d’appuyer la campagne
électorale du candidat aux élections présidentielles, Monsieur Nicolas
Sarkozy, pour un montant d’une valeur de cinquante millions d’euros », peut-on d’abord y lire. Puis M. Koussa affirme transmettre et confirmer « l’accord de principe sur le sujet cité ci-dessus ».
Le montant pharaonique promis par les Libyens est à rapprocher des 20
millions d’euros officiellement dépensés par Nicolas Sarkozy lors de sa
campagne présidentielle de 2007.
avoir pris connaissance du procès-verbal de la réunion tenue le 6. 10.
2006, à laquelle ont participé de notre côté le directeur des services
de renseignements libyens (Abdallah Senoussi, ndlr) et le président du Fonds Libyen des investissements africains (Bachir Saleh, ndlr), et du côté français Monsieur Brice Hortefeux et Monsieur Ziad Takieddine ». Ce serait « au cours » de cette entrevue qu’« un accord a été conclu pour déterminer le montant et le mode de paiement ».
Le document ne précise cependant pas le lieu de cette réunion, qui
s’est tenue un an jour pour jour après une visite de Nicolas Sarkozy en
Libye.
Ziad Takieddine, rencontré par
Mediapart en présence de ses avocats, vendredi 27 avril, n’a pas
contesté l’authenticité du document que nous lui avons présenté, tout en
précisant comme Me Samia Maktouf, son avocate, qu’il n’avait pas été
présent, le jour indiqué, à cette réunion.
« Je n’ai pas assisté à cette réunion, mais elle a certainement pu avoir lieu, nous a indiqué M. Takieddine. Votre
document reflète un accord signé par Moussa Koussa pour soutenir la
campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, et Brice Hortefeux a
été effectivement là-bas à cette date ainsi qu’à d’autres dates, ça,
c’est sûr. M. Moussa Koussa et les autres personnes citées étaient
effectivement des relais avec la France ».
Selon M. Takieddine, Claude Guéant, l’ancien directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, et « son correspondant en matière de renseignement d’Etat », Bernard Squarcini, étaient parallèlement en lien étroit avec M. Koussa. « Cela se passait nécessairement en secret, vu la sensibilité des relations entre les services de renseignement »,
précise-t-il, tout en confirmant l’implication, côté libyen, de Béchir
Saleh, comme représentant du LAP, et Abdallah Senoussi lui-même « dans les relations de la Libye avec la France ».
« J’ai les éléments et je n’hésiterai pas à les sortir »
Les relevés des voyages de M.
Takieddine, dont la justice française détient la copie depuis plusieurs
mois, montrent toutefois que l’homme d’affaires était à Tripoli le 9
décembre 2006, soit la veille de la rédaction de la note de Moussa
Koussa. Il était également en Libye quelques jours plus tôt, les 20 et
21 novembre.
Dans une entretien accordé le 25 avril à l’hebdomadaire Jeune Afrique, M. Takieddine déclare avoir été informé en mars 2011 par Saif al-Islam Kadhafi de l’existence d’un « versement d’argent » pour la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.
« Lors de ma dernière
rencontre avec Seif al-Islam que j’ai interrogé, il m’avait bien dit:
“J’ai les éléments et je n’hésiterai pas à les sortir”, explique M. Takieddine à Mediapart. En
réalité, il ne pensait pas que Nicolas Sarkozy irait jusqu’au bout. On
peut penser que c’est pour cette raison que le système a protégé Bachir
Saleh (exfiltration et production d’un passeport diplomatique) et qu’ils
ont essayé par tous les moyens de tuer Saif al-Islam qui a été à
l’origine de ces révélations. Par ailleurs, cela explique l’accueil que
Monsieur Claude Guéant m’a réservé dès mon retour de Libye, en
m’arrêtant à l’aéroport (ndlr, le 5 mars 2011), car il pouvait penser que j’étais moi-même en possession de ces documents, pour pouvoir les subtiliser. »
le nom de Brice Hortefeux est associé à l’arrière-plan financier des
relations franco-libyennes. Mais le haut responsable de l’UMP, intime de
Nicolas Sarkozy, a toujours démenti. « Je n’ai jamais rencontré Moussa Koussa et Bachir Saleh, a déclaré M. Hortefeux à Mediapart, le 27 avril. J’ai
déjà rencontré Abdallah Senoussi, qui connaissait beaucoup de monde,
mais nous n’avons jamais de discussion sur un financement électoral. Je
suis allé en Libye une seule fois dans ma vie, en 2005. J’oppose donc un
démenti catégorique et vérifiable ».
Comme Mediapart l’avait rapporté,
les confessions de l’ancien médecin de M. Takieddine, couchées sur
papier le 20 décembre 2006 par le directeur d’une société de
renseignements privés suisse, Jean-Charles Brisard, évoquaient déjà le
nom de M. Hortefeux dans un schéma de financement de la campagne de
Nicolas Sarkozy par la Libye en 2007. En des termes plus
télégraphiques : « MODALITES FIN CAMPAGNE NS », « FIN LIB 50 ME »,
« MONTAGE INCLUT SOC BH PAN + BANQUE SUISSE (ND) » et « FIN CAMPAGNE
TOTALEMENT REGLE ». Le mémo Brisard avançait aussi le chiffre de 50
millions d’euros affectés à la campagne de M. Sarkozy.
« C’est grotesque », avait réagi Nicolas Sarkozy sur le plateau de TF1, le 12 mars dernier. « S’il (Kadhafi, ndlr) l’avait financée (la campagne, ndlr), je n’aurais pas été très reconnaissant »,
avait ironisé le président-candidat, en référence à l’intervention
militaire française en Libye. Contacté vendredi 27 avril, l’Elysée n’a
pas souhaité faire de nouveaux commentaires.
L’actuel ministre de l’intérieur
français, Claude Guéant, directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy place
Beauvau, en 2006, a lui même admis ses contacts répétés avec Moussa
Koussa, début 2007, devant la commission d’enquête parlementaire sur la
libération des infirmières bulgares. La sollicitude de la France
vis-à-vis de Bachir Saleh pourrait aujourd’hui trouver son explication
par sa connaissance des lourds secrets franco-libyens. Et des circuits
financiers qu’il a lui même supervisés.
également cité dans la note de décembre 2006, comme ayant participé aux
réunions préparatoires avec Brice Hortefeux, au sujet du financement de
la campagne électorale de 2007, il aurait été arrêté il y a quelques
semaines en Mauritanie, mais aucune image n’est venue confirmer une
telle affirmation. Il est réclamé par la Libye, mais également par la
Cour pénale internationale (CPI), et la France, ayant été condamné par
contumace à Paris dans l’affaire de l’attentat contre le DC-10 d’UTA.
Une chose est en revanche
certaine : les forces de l’Otan ont bombardé le 19 août 2011, à 5 heures
du matin, la maison d’Abdallah Senoussi, située dans le quartier
résidentiel de Gharghour, à Tripoli. Un cuisinier indien avait trouvé la
mort dans le raid et une école avait été détruite. « C’est un quartier résidentiel. Pourquoi l’Otan bombarde ce site ? Il n’y a pas de militaires ici », avait alors dénoncé un voisin, Faouzia Ali, cité par l’Agence France Presse.
La réponse se trouve peut-être dans les secrets qui lient M. Senoussi à la France. « C’est
le principal témoin de la corruption financière et des accords qui ont
impliqué de nombreux dirigeants et pays, dont la France », a affirmé en mars dernier à l’agence Reuters une source « haut placée dans le renseignement arabe ».
Depuis près de dix mois,
Mediapart enquête sur les secrets libyens de Nicolas Sarkozy, de son
élection en 2007 comme de sa présidence depuis. Cet article s’inscrit
dans ces investigations au long cours, confirmant leur légimité et leur
gravité (lire nos autres explications ici).
Nous avons compris l’ampleur de
ces secrets libyens au seuil de l’été 2011 avec les documents
Takieddine, découverts au cours de nos investigations sur l’affaire
Karachi. Cette affaire met en cause les financements illégaux de la
campagne présidentielle menée en 1995 par Edouard Balladur avec pour
bras droit Nicolas Sarkozy. Or ce dossier a révélé le rôle central dans
le premier cercle de Nicolas Sarkozy, depuis ces années-là jusqu’aux
lendemains de son élection en 2007, de Ziad Takieddine, intermédiaire
financier jusqu’alors pratiquement inconnu, ayant fait fortune dans les
ventes d’armes.
Issus des archives personnelles
de M. Takieddine, les documents dont nous avons commencé la publication
en juillet 2011 ont prouvé que, dans les années qui ont précédé son
élection en 2007, Nicolas Sarkozy et son entourage avaient tissé des
liens de proximité et entretenu des relations suivies avec le régime
libyen de Mouammar Kadhafi. Les enjeux financiers de ces fréquentations
sont explicites dans les documents que nous avons révélés et la
reconnaissance officielle accordée, fin 2007, en grande pompe par le
nouveau président français au dictateur libyen y apparaît comme un
remerciement pour services rendus.
Tel est le contexte de l’enquête
qui, aujourd’hui, aboutit avec la découverte par Mediapart d’un
exceptionnel document libyen dont Ziad Takieddine lui-même, auquel nous
l’avons soumis vendredi 27 avril, affirme qu’il est authentique. La
révélation de ce document exige que toute la lumière soit faite sur son
contenu, tant il conforte le soupçon d’une immense affaire d’Etat: le
financement, pour des montants faramineux, de la campagne électorale de
l’actuel président de la République française par un Etat étranger, qui
plus est dictatorial. Que la France soit, depuis, militairement
intervenue pour renverser cette dictature ne fait qu’alourdir ce
soupçon.
L'information déjantée,
au Kärcher, et la liberté d'expression dans sa quintessence: "Mieux vaut
mourir debout que de vivre à genoux" Dolores Ibárruri Gómez
Sarkozy-Kadhafi: la preuve du financement. Comment peut-on accepter ça ?
Publié le28 avril 2012
17
Comment peut-on faire
assassiner celui qui vous a reçu à sa table ? Comment peut-on faire
assassiner quelqu’un qui a financé votre campagne électorale ? A gerber.
(Allain Jules)
Le régime de Mouammar Kadhafi a
bien décidé de financer la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en
2007. Mediapart a retrouvé un document officiel libyen qui le prouve.
Cette note issue des archives des services secrets a été rédigée il y a
plus de cinq ans. L’en-tête et le blason vert de la Jamahiriya
préimprimés s’effacent d’ailleurs légèrement. Ce document, avec
d’autres, a échappé aux destructions de l’offensive militaire
occidentale. D’anciens hauts responsables du pays, aujourd’hui dans la
clandestinité, ont accepté de le communiquer à Mediapart ces tout
derniers jours.
Dès 2006, le régime libyen avait choisi « d’appuyer la campagne électorale» de Nicolas Sarkozy à la présidentielle de 2007, et ce pour un « montant de cinquante millions d’euros » :
c’est ce qu’indique en toutes lettres cette note datée du 10 décembre
2006, signée par Moussa Koussa, l’ancien chef des services de
renseignements extérieurs de la Libye.
Un accord « sur le montant et les modes de versement » aurait
été validé quelques mois plus tôt par Brice Hortefeux, alors ministre
délégué aux collectivités locales, en présence de l’homme d’affaires
Ziad Takieddine, qui a introduit dès 2005 en Libye les proches du
ministre de l’intérieur, notamment Claude Guéant, et Nicolas Sarkozy
lui-même. Le directeur de cabinet de Mouammar Kadhafi, Bachir Saleh,
alors à la tête du Libyan African Portfolio (LAP, soit l’un des fonds
d’investissement financier du régime libyen), aurait de son côté été
chargé de superviser les paiements.
MM. Kadhafi et Sarkozy© Reuters
« Mon client n’était pas présent à la réunion indiquée dans le document, nous a indiqué Me Samia Maktouf, l’avocate de M. Takieddine. Enrevanche, il pense que ce document est crédible, vu la date et les
personnes qui apparaissent dans ce document outre lui-même. »
« Ce document prouve qu’on est en présence d’une affaire d’Etat, que ces 50 millions d’euros aient été versés ou non, a lui-même commenté M. Takieddine, rencontré par Mediapart vendredi 27 avril. L’enquête
sera difficile parce que beaucoup d’intervenants sont morts pendant la
guerre en Libye, mais c’est déjà important de rendre public ce
document ». Cette réponse de Ziad Takieddine – malgré son hostilité
exprimée de multiples fois à notre égard – est celle d’un acteur clé de
la lune de miel franco-libyenne, qui a secrètement conseillé Claude
Guéant jusqu’à la veille de la guerre, comme en attestent de nombreuses
notes publiées par Mediapart.
L’une d’entre elles, rédigée le 6
septembre 2005 par Ziad Takieddine et adressée à Claude Guéant,
affirmait ainsi que certains pourparlers franco-libyens devaient« revêtir
un caractère secret ». « L’autre avantage : plus d’aise pour évoquer
l’autre sujet important, de la manière la plus directe…», précisait le document, mystérieusement.
L’élément nouveau que nous
publions aujourd’hui vient désormais confirmer les accusations portées
par les principaux dirigeants libyens eux-mêmes peu avant le
déclenchement de la guerre sous l’impulsion de la France, en mars 2011.
Mouammar Kadhafi, son fils Saïf al-Islam et un ancien chef des services
secrets, Abdallah Senoussi, avaient en effet tous trois affirmé
publiquement détenir des preuves d’un financement occulte du président
français. La découverte de la note de M. Koussa exige désormais que
s’engagent des investigations officielles – qu’elles soient judiciaires,
policières ou parlementaires – sur cet épisode sombre et occulte des
relations franco-libyennes.
La face cachée de l’arrivée de
Nicolas Sarkozy sur la scène libyenne, en 2005, puis en 2007,
apparaissait déjà en filigrane dans le dossier des ventes d’armes à
l’Arabie Saoudite et au Pakistan instruit par les juges Renaud Van
Ruymbeke et Roger Le Loire, en particulier à travers l’activité de
lobbying déployée par M. Takieddine en faveur de l’ancien ministre de
l’intérieur auprès de Tripoli. Or l’enquête entre leurs mains vient
d’être élargie par un réquisitoire supplétif, le 5 avril dernier, à tous
les faits de blanchiment présumés apparus jusqu’à ce jour.
Les investigations visent
l’intermédiaire, mais aussi plusieurs proches du chef de l’Etat, Thierry
Gaubert, Brice Hortefeux, Nicolas Bazire ou encore plus indirectement
Jean-François Copé. Echappée des secrets de la dictature déchue, la note
décisive que nous reproduisons ci-dessus – et dont la traduction
intégrale est sous l’onglet Prolonger — vient en outre confirmer les
propos de l’ancien médecin de M. Takieddine, qui avait suivi alors les
déplacements de l’homme d’affaires, notamment en Libye, et avait
rapporté des projets de financement de la campagne présidentielle de
Nicolas Sarkozy par la Libye.
Selon des connaisseurs du régime
libyen à qui nous l’avons soumis, ce document, dont le signataire et le
destinataire appartenaient au premier cercle de Kadhafi, est conforme,
jusque dans son style, aux habitudes bureaucratiques du régime. Outre
celle du calendrier grégorien, la deuxième date qui y figure conforte
son authenticité: elle n’est pas celle du calendrier musulman habituel,
mais de celui imposé par le dictateur, qui part de l’année du décès du
prophète Mahomet, l’an 632.
Un document authentique, selon Ziad Takieddine
Depuis plusieurs mois, nous avons
entrepris des recherches pour retrouver des dépositaires d’archives du
régime déchu, en rencontrant à Paris et à l’étranger plusieurs
représentants de factions libyennes, dont certaines avaient conservé des
documents et d’autres s’en étaient emparé, en marge des affrontements
armés. Ainsi, Mediapart a publié ici, dès le 10 avril dernier, des
documents des services spéciaux libyens demandant des mesures de
surveillance d’opposants toubous domiciliés en France.
M. Koussa© Reuters
Le document décisif que nous publions aujourd’hui, sous la signature de Moussa Koussa, a été adressé,
le 10 décembre 2006, à un ancien homme clé du régime libyen, Bachir
Saleh, surnommé le « caissier de Kadhafi ». Directeur de cabinet du
“guide” déchu, M. Saleh était aussi le responsable du Libyan African
Portfolio (LAP), le puissant fonds souverain libyen crédité de plus de
40 milliards de dollars. Sous l’ère Kadhafi, le LAP a servi à
d’innombrables opérations d’investissement. Certaines avouables
(tourisme, pétrole, agriculture, télécommunications…). Et d’autres
moins, comme l’ont confirmé plusieurs sources libyennes concordantes.
Contacté sur son numéro de téléphone portable français, M. Saleh n’a pas
donné suite à nos sollicitations.
Connu pour avoir été l’un des
plus proches collaborateurs de Mouammar Kadhafi et le mentor de deux de
ses fils (Motassem et Saïf al-Islam), Moussa Koussa a quant à lui été le
patron pendant plus de quinze ans, entre 1994-2011, des services
secrets extérieurs libyens (l’équivalent de la DGSE française), avant de
devenir le ministre des affaires étrangères de la Libye.
Notons que l’auteur de cette note
et son destinataire ont vécu, à l’heure de la chute du régime Kadhafi,
des destins similaires. Moussa Koussa vit actuellement au Qatar, sous
protection, après avoir fui la Libye en guerre, en mars 2011, ralliant
d’abord Londres, puis quelques semaines plus tard Doha. Bachir Saleh,
emprisonné brièvement par les rebelles du Conseil national de transition
(CNT) avant d’être relâché en août dernier, a été exfiltré et accueilli
par les Français. Comme l’a rapporté Le Canard enchaîné, lui
et sa famille bénéficient toujours de la protection des autorités
françaises qui leur ont accordé un titre de séjour provisoire.
Les deux paragraphes écrits par Moussa Koussa sont sans équivoque sur le sujet explosif abordé. «En
référence aux instructions émises par le bureau de liaison du comité
populaire général concernant l’approbation d’appuyer la campagne
électorale du candidat aux élections présidentielles, Monsieur Nicolas
Sarkozy, pour un montant d’une valeur de cinquante millions d’euros », peut-on d’abord y lire. Puis M. Koussa affirme transmettre et confirmer « l’accord de principe sur le sujet cité ci-dessus ».
Le montant pharaonique promis par les Libyens est à rapprocher des 20
millions d’euros officiellement dépensés par Nicolas Sarkozy lors de sa
campagne présidentielle de 2007.
Bachir Saleh
L’ancien chef des services secrets extérieurs de Mouammar Kadhafi ajoute dans sa note que l’accord évoqué est formulé « aprèsavoir pris connaissance du procès-verbal de la réunion tenue le 6. 10.
2006, à laquelle ont participé de notre côté le directeur des services
de renseignements libyens (Abdallah Senoussi, ndlr) et le président du Fonds Libyen des investissements africains (Bachir Saleh, ndlr), et du côté français Monsieur Brice Hortefeux et Monsieur Ziad Takieddine ». Ce serait « au cours » de cette entrevue qu’« un accord a été conclu pour déterminer le montant et le mode de paiement ».
Le document ne précise cependant pas le lieu de cette réunion, qui
s’est tenue un an jour pour jour après une visite de Nicolas Sarkozy en
Libye.
Ziad Takieddine, rencontré par
Mediapart en présence de ses avocats, vendredi 27 avril, n’a pas
contesté l’authenticité du document que nous lui avons présenté, tout en
précisant comme Me Samia Maktouf, son avocate, qu’il n’avait pas été
présent, le jour indiqué, à cette réunion.
« Je n’ai pas assisté à cette réunion, mais elle a certainement pu avoir lieu, nous a indiqué M. Takieddine. Votre
document reflète un accord signé par Moussa Koussa pour soutenir la
campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, et Brice Hortefeux a
été effectivement là-bas à cette date ainsi qu’à d’autres dates, ça,
c’est sûr. M. Moussa Koussa et les autres personnes citées étaient
effectivement des relais avec la France ».
Selon M. Takieddine, Claude Guéant, l’ancien directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, et « son correspondant en matière de renseignement d’Etat », Bernard Squarcini, étaient parallèlement en lien étroit avec M. Koussa. « Cela se passait nécessairement en secret, vu la sensibilité des relations entre les services de renseignement »,
précise-t-il, tout en confirmant l’implication, côté libyen, de Béchir
Saleh, comme représentant du LAP, et Abdallah Senoussi lui-même « dans les relations de la Libye avec la France ».
« J’ai les éléments et je n’hésiterai pas à les sortir »
Les relevés des voyages de M.
Takieddine, dont la justice française détient la copie depuis plusieurs
mois, montrent toutefois que l’homme d’affaires était à Tripoli le 9
décembre 2006, soit la veille de la rédaction de la note de Moussa
Koussa. Il était également en Libye quelques jours plus tôt, les 20 et
21 novembre.
Dans une entretien accordé le 25 avril à l’hebdomadaire Jeune Afrique, M. Takieddine déclare avoir été informé en mars 2011 par Saif al-Islam Kadhafi de l’existence d’un « versement d’argent » pour la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.
« Lors de ma dernière
rencontre avec Seif al-Islam que j’ai interrogé, il m’avait bien dit:
“J’ai les éléments et je n’hésiterai pas à les sortir”, explique M. Takieddine à Mediapart. En
réalité, il ne pensait pas que Nicolas Sarkozy irait jusqu’au bout. On
peut penser que c’est pour cette raison que le système a protégé Bachir
Saleh (exfiltration et production d’un passeport diplomatique) et qu’ils
ont essayé par tous les moyens de tuer Saif al-Islam qui a été à
l’origine de ces révélations. Par ailleurs, cela explique l’accueil que
Monsieur Claude Guéant m’a réservé dès mon retour de Libye, en
m’arrêtant à l’aéroport (ndlr, le 5 mars 2011), car il pouvait penser que j’étais moi-même en possession de ces documents, pour pouvoir les subtiliser. »
MM. Hortefeux et Takieddine, en 2005© dr
Ce n’est pas la première fois quele nom de Brice Hortefeux est associé à l’arrière-plan financier des
relations franco-libyennes. Mais le haut responsable de l’UMP, intime de
Nicolas Sarkozy, a toujours démenti. « Je n’ai jamais rencontré Moussa Koussa et Bachir Saleh, a déclaré M. Hortefeux à Mediapart, le 27 avril. J’ai
déjà rencontré Abdallah Senoussi, qui connaissait beaucoup de monde,
mais nous n’avons jamais de discussion sur un financement électoral. Je
suis allé en Libye une seule fois dans ma vie, en 2005. J’oppose donc un
démenti catégorique et vérifiable ».
Comme Mediapart l’avait rapporté,
les confessions de l’ancien médecin de M. Takieddine, couchées sur
papier le 20 décembre 2006 par le directeur d’une société de
renseignements privés suisse, Jean-Charles Brisard, évoquaient déjà le
nom de M. Hortefeux dans un schéma de financement de la campagne de
Nicolas Sarkozy par la Libye en 2007. En des termes plus
télégraphiques : « MODALITES FIN CAMPAGNE NS », « FIN LIB 50 ME »,
« MONTAGE INCLUT SOC BH PAN + BANQUE SUISSE (ND) » et « FIN CAMPAGNE
TOTALEMENT REGLE ». Le mémo Brisard avançait aussi le chiffre de 50
millions d’euros affectés à la campagne de M. Sarkozy.
« C’est grotesque », avait réagi Nicolas Sarkozy sur le plateau de TF1, le 12 mars dernier. « S’il (Kadhafi, ndlr) l’avait financée (la campagne, ndlr), je n’aurais pas été très reconnaissant »,
avait ironisé le président-candidat, en référence à l’intervention
militaire française en Libye. Contacté vendredi 27 avril, l’Elysée n’a
pas souhaité faire de nouveaux commentaires.
L’actuel ministre de l’intérieur
français, Claude Guéant, directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy place
Beauvau, en 2006, a lui même admis ses contacts répétés avec Moussa
Koussa, début 2007, devant la commission d’enquête parlementaire sur la
libération des infirmières bulgares. La sollicitude de la France
vis-à-vis de Bachir Saleh pourrait aujourd’hui trouver son explication
par sa connaissance des lourds secrets franco-libyens. Et des circuits
financiers qu’il a lui même supervisés.
A. Senoussi© Reuters
Quant à Abdallah Senoussi, également cité dans la note de décembre 2006, comme ayant participé aux
réunions préparatoires avec Brice Hortefeux, au sujet du financement de
la campagne électorale de 2007, il aurait été arrêté il y a quelques
semaines en Mauritanie, mais aucune image n’est venue confirmer une
telle affirmation. Il est réclamé par la Libye, mais également par la
Cour pénale internationale (CPI), et la France, ayant été condamné par
contumace à Paris dans l’affaire de l’attentat contre le DC-10 d’UTA.
Une chose est en revanche
certaine : les forces de l’Otan ont bombardé le 19 août 2011, à 5 heures
du matin, la maison d’Abdallah Senoussi, située dans le quartier
résidentiel de Gharghour, à Tripoli. Un cuisinier indien avait trouvé la
mort dans le raid et une école avait été détruite. « C’est un quartier résidentiel. Pourquoi l’Otan bombarde ce site ? Il n’y a pas de militaires ici », avait alors dénoncé un voisin, Faouzia Ali, cité par l’Agence France Presse.
La réponse se trouve peut-être dans les secrets qui lient M. Senoussi à la France. « C’est
le principal témoin de la corruption financière et des accords qui ont
impliqué de nombreux dirigeants et pays, dont la France », a affirmé en mars dernier à l’agence Reuters une source « haut placée dans le renseignement arabe ».
Depuis près de dix mois,
Mediapart enquête sur les secrets libyens de Nicolas Sarkozy, de son
élection en 2007 comme de sa présidence depuis. Cet article s’inscrit
dans ces investigations au long cours, confirmant leur légimité et leur
gravité (lire nos autres explications ici).
Nous avons compris l’ampleur de
ces secrets libyens au seuil de l’été 2011 avec les documents
Takieddine, découverts au cours de nos investigations sur l’affaire
Karachi. Cette affaire met en cause les financements illégaux de la
campagne présidentielle menée en 1995 par Edouard Balladur avec pour
bras droit Nicolas Sarkozy. Or ce dossier a révélé le rôle central dans
le premier cercle de Nicolas Sarkozy, depuis ces années-là jusqu’aux
lendemains de son élection en 2007, de Ziad Takieddine, intermédiaire
financier jusqu’alors pratiquement inconnu, ayant fait fortune dans les
ventes d’armes.
Issus des archives personnelles
de M. Takieddine, les documents dont nous avons commencé la publication
en juillet 2011 ont prouvé que, dans les années qui ont précédé son
élection en 2007, Nicolas Sarkozy et son entourage avaient tissé des
liens de proximité et entretenu des relations suivies avec le régime
libyen de Mouammar Kadhafi. Les enjeux financiers de ces fréquentations
sont explicites dans les documents que nous avons révélés et la
reconnaissance officielle accordée, fin 2007, en grande pompe par le
nouveau président français au dictateur libyen y apparaît comme un
remerciement pour services rendus.
Tel est le contexte de l’enquête
qui, aujourd’hui, aboutit avec la découverte par Mediapart d’un
exceptionnel document libyen dont Ziad Takieddine lui-même, auquel nous
l’avons soumis vendredi 27 avril, affirme qu’il est authentique. La
révélation de ce document exige que toute la lumière soit faite sur son
contenu, tant il conforte le soupçon d’une immense affaire d’Etat: le
financement, pour des montants faramineux, de la campagne électorale de
l’actuel président de la République française par un Etat étranger, qui
plus est dictatorial. Que la France soit, depuis, militairement
intervenue pour renverser cette dictature ne fait qu’alourdir ce
soupçon.
Note signée Moussa Koussa:
Traduction de la note.
Jamahirya arabe libyenne populaire glorieuse
« Pas de démocratie sans conférence populaire »
Date : 10. 12. 2006
Correspondant à : 10. 12. 1375
N° 1917 68 P
Service de la sécurité extérieure
Frère / Président du Fonds libyen des investissements africains
Que la paix soit sur vous…
En référence aux instructions
émises par le bureau de liaison du comité populaire général concernant
l’approbation d’appuyer la campagne électorale du candidat aux élections
présidentielles, Monsieur /Nicolas Sarkozy, pour un montant d’une
valeur de cinquante millions d’euros.
Nous vous confirmons l’accord de
principe quant au sujet cité ci-dessus, et ce après avoir pris
connaissance du procès-verbal de la réunion tenue le 6. 10. 2006, à
laquelle ont participé de notre côté le directeur des services de
renseignements libyens, et le président du Fonds libyen des
investissements africains, et du côté français, Monsieur /Brice
Hortefeux, et Monsieur /Ziad Takieddine, et au cours de laquelle un
accord a été conclu pour déterminer le montant et le mode de paiement.
Que la paix soit sur vous et la miséricorde de Dieu et ses bénédictions…
Moussa Imuhamad Koussa
Chef du service de la sécurité extérieure
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