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En Libye, ce n’est pas le chaos, c’est la guerre

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GMT + 7 Hours En Libye, ce n’est pas le chaos, c’est la guerre

مُساهمة من طرف brokenpen82 الثلاثاء 23 فبراير - 10:23

Dans un contexte de violences entre factions rivales, l’offensive du général Khalifa Haftar contre les islamistes aggrave les fractures qui divisent les Libyens. Si les négociations entamées sous la houlette des Nations unies se poursuivent, la présence de groupes affiliés à l’Organisation de l’Etat islamique renforce l’éventualité d’une intervention étrangère, aux conséquences plus qu’incertaines.



Qui se souvient encore de la visite-éclair en Libye de MM. Nicolas Sarkozy et David Cameron, le 15 septembre 2011 ? Devant la foule de Benghazi, le président français appelait alors la population à « montrer un nouveau courage, celui du pardon et de la réconciliation (1) ». Pour les médias français, ce discours triomphaliste consacrait le succès de la guerre menée par l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) contre les troupes du régime de Mouammar Kadhafi.

Près de quatre ans plus tard, l’heure est à la désillusion et à l’inquiétude. En proie à l’instabilité politique et aux affrontements armés entre factions rivales, la Libye semble au bord de l’implosion. La sécurité publique ne cesse de s’y dégrader. La France a ainsi dû évacuer son ambassade de nuit, et sous la protection de ses forces spéciales, en juillet 2014. Depuis, le ministre de la défense, M. Jean-Yves Le Drian, et son homologue italienne, Mme Roberta Pinotti, évoquent régulièrement la perspective d’une nouvelle intervention militaire pour annihiler les groupes ayant fait allégeance à l’Organisation de l’Etat islamique (OEI). De leur côté, nombre de journalistes, qui ne peuvent effectuer que de très courts séjours sur place, utilisent désormais le qualificatif de « chaotique » pour décrire la situation. Après l’usage des termes binaires « démocratie contre dictature » en 2011, puis « milices contre société civile », ou encore « islamistes contre libéraux », ce choix sémantique découle de l’incapacité — ou du refus — d’appréhender les événements. Il témoigne aussi de l’absence de grille d’analyse tenant compte des identités des acteurs en présence et de la logique rationnelle de leurs stratégies et modes d’action.

Toute réflexion quant à l’avenir de la Libye nécessite de revenir sur les événements ayant conduit à la disparition de Kadhafi — ce que l’histoire officielle qualifie de « révolution ». Si l’on ne peut nier l’occurrence d’un moment révolutionnaire en février 2011 dans plusieurs villes, dont Benghazi, la réalité est que, après quelques jours d’une insurrection populaire rapidement militarisée, le pays a basculé dans la guerre civile. Huit mois d’un conflit fratricide, doublé de l’implication directe d’une coalition étrangère, ont abouti à l’écroulement du régime. Cette chute, seul objectif politique consensuel des insurgés de l’époque, peut au mieux être qualifiée d’« issue révolutionnaire ». Mais aucun ordre sociopolitique stable ni à plus forte raison aucun Etat n’a pu émerger. Cela tient au retour en force des « identités primaires », façonnées et définies par les appartenances locales et les particularismes propres à chaque groupe, ou sous-groupe, ethnique ou tribal.

Tobrouk contre Tripoli

En dépit de sa pratique politique fondée sur le clientélisme et le régionalisme, le régime Kadhafi, avec sa rhétorique nationaliste et anti-impérialiste, avait contribué à la construction d’une identité nationale. Cette dernière a volé en éclats durant la guerre civile. A la chute du régime, d’anciennes rivalités locales, ranimées par le conflit, se sont ajoutées aux clivages internes à l’insurrection et à l’opposition traditionnelle entre centre et périphérie. La dissémination des armements de tout calibre et le recours à la violence comme mode de règlement du conflit ont aggravé la situation. Les embryons d’Etat et d’armée régulière érigés sous le règne de Kadhafi se sont volatilisés avec lui. Aucune structure officielle disposant du monopole légitime de la violence n’a pu se constituer, du fait de la concurrence entre villes, factions et régions. Le poids politique de ces entités ne se mesurait qu’au nombre et à l’armement de leur katiba (unité combattante), à l’effectif compris entre cent et cinq cents hommes.

A peine quelques semaines après la mort de Kadhafi, le 20 octobre 2011, une multitude d’affrontements limités éclatent sur la totalité du territoire. Les milices révolutionnaires ou postrévolutionnaires, évaluées alors à quatre-vingt mille hommes, se disputent le pouvoir local, le contrôle des territoires et les revenus des trafics transfrontaliers. Les gouvernements successifs n’ont d’autre choix que de s’appuyer sur ces brigades pour pallier l’absence d’armée et de police. Les plus puissantes d’entre elles, étrangères aux conflits locaux, sont envoyées sur place pour limiter le niveau de violence, avec des succès très inégaux.

Indépendamment de ces affrontements armés locaux récurrents, une lutte se joue à Tripoli au sein du Congrès national général (CNG), le Parlement élu le 6 juillet 2012. Il s’agit d’une bataille pour le pouvoir central entre deux factions qui se radicalisent progressivement. La première, autoproclamée « libérale » ou « nationaliste », est aussi qualifiée de « laïque » par les médias occidentaux. Elle compte principalement des hommes d’affaires, des cadres de l’ancien régime proches du mouvement « réformiste » amorcé par M. Saïf Al-Islam (deuxième fils de Kadhafi) à partir de 2005 et des officiers ayant fait défection dans les premiers temps de l’insurrection. La seconde faction, « islamiste » selon ses opposants et la presse étrangère, ne se limite pas à la mouvance islamiste, c’est-à-dire à un courant politique appelant à l’établissement d’une Constitution dont la source principale serait la charia. Comme, sous l’ancien régime, les islamistes représentaient la principale opposition structurée, ce courant englobe un grand nombre d’opposants de longue date. Mais il compte aussi les représentants de Misrata, ville à forte légitimité révolutionnaire (2), et d’autres villes de la côte tripolitaine de tradition marchande, notamment Zaouia et Zouara.

Au-delà du clivage entre religieux et laïques, une autre ligne de fracture se dessine : élites ayant servi sous l’ancien régime et vieux exilés nationalistes contre nouvelle génération d’opposants islamistes de l’intérieur et de l’extérieur. Les deux factions s’appuient chacune sur de puissantes milices : celles de la ville de Zintan pour les « nationalistes » et celles de Misrata pour les « islamistes ». Chaque formation paramilitaire occupe des sites stratégiques à Tripoli, comme l’aéroport, les carrefours du centre-ville ou les abords des bâtiments officiels et des grands hôtels. Elle peut jouer de cette emprise pour faire pression sur les décisions du CNG ou du gouvernement de transition.

L’année 2014 débute dans ce contexte : un centre faible et bipolarisé, une périphérie où les logiques locales dominent. Le pays se fractionne en une multitude d’entités administrées par des conseils locaux et des conseils militaires, en général liés aux milices. Les grands groupes ethniques — populations touarègues du Sud, amazighes du djebel Nefoussa, touboues du Sud central et oriental — agissent au gré de leurs intérêts tout en étant parfois eux-mêmes divisés, comme c’était déjà le cas pendant la guerre civile de 2011. Ainsi les lignes de fracture internes et les allégeances à l’une ou l’autre des factions rivales à Tripoli se dessinent en fonction de critères locaux, voire microlocaux.

Comme en 2011, les logiques générationnelles opèrent aussi. Par exemple, dans les communautés berbérophones du djebel Nefoussa, les chefs de village refusent de prendre parti pour une des deux factions rivales à Tripoli, par crainte de subir ensuite des représailles de la majorité arabe. Mais ils ne peuvent empêcher de nombreux jeunes de rejoindre la force nationale mobile, puissante milice à dominante amazighe soutenant la faction dite « islamiste ». Cet engagement ne s’explique pas par leur adhésion à une quelconque forme d’islam politique, mais par l’antagonisme existant entre les populations amazighes du djebel et leurs puissants voisins arabes de la ville de Zintan.

Un général revenu des Etats-Unis

Se superposant aux autres sans nécessairement les recouper, une ligne de clivage supplémentaire s’est peu à peu dessinée entre populations d’origine bédouine, ou se reconnaissant comme telles, et populations de tradition citadine et marchande. Chez les premières, les structures traditionnelles claniques et tribales sont plus prégnantes, l’islam politique est peu enraciné, ce qui les conduit à s’allier majoritairement à la faction « libérale ». Quant aux secondes, le projet de construction nationale mis en avant par l’islam politique y est, par tradition, mieux implanté, ce qui les pousse à opter pour le camp « islamiste ». Cette rivalité aggrave les confrontations parfois au sein d’un même quartier. A Benghazi par exemple, 40 % de la population est originaire des villes marchandes de Tripolitaine (Misrata, Zaouia, Tripoli). Les 60 % restants se considèrent d’origine bédouine et appartiennent principalement aux neuf tribus historiques de Cyrénaïque, dites saadiennes. Un tel clivage, déterminé par l’origine et l’antériorité de la présence sur place, a poussé des habitants se réclamant de la tradition bédouine à rejoindre le courant « nationaliste » par rivalité avec les populations originaires de Misrata, majoritairement favorables au camp « islamiste ». Cette rivalité de proximité n’attendait qu’un déclencheur pour se transformer en violence, voire en « nettoyage ethnique » dans certains cas.

Le catalyseur apparaît en la personne d’un ancien général âgé de 72 ans : M. Khalifa Haftar. Cet ancien officier de Kadhafi avait fait défection en 1983 pour s’installer aux Etats-Unis. Il est revenu en Libye en mars 2011, après le début de l’insurrection. Le 16 mai 2014, sans doute inspiré par le coup de force du maréchal Abdel Fattah Al-Sissi en Egypte, le général lance une opération baptisée « Dignité » (Al-Karama), avec pour objectif affiché d’« éradiquer les islamistes ». Le jour même, il fait bombarder des positions d’une brigade à Benghazi. Il s’appuie sur le bataillon de forces spéciales de la ville et sur l’armée de l’air, majoritairement composés de cadres de l’ancien régime ayant fait défection en 2011, de brigades recrutées dans les grandes tribus saadiennes et des katiba liées aux autonomistes de Cyrénaïque. L’offensive débute à Benghazi contre les milices rattachées aux divers courants de l’islam politique. Première conséquence immédiate : ces milices, dont certaines étaient jusqu’alors rivales, déclarent l’union sacrée contre leur ennemi commun. En Tripolitaine, les milices de Zintan rallient quant à elles l’opération « Dignité » et donnent l’assaut au CNG le 18 mai, mettant ainsi un terme au processus, déjà fragile, de construction politique amorcé deux ans auparavant. Réagissant rapidement à cette attaque, le camp anti-Haftar se structure autour de la faction « islamiste » majoritaire au sein du CNG. Celle-ci s’appuie sur une coalition de forces baptisée Aube de la Libye et regroupant principalement les grandes brigades « révolutionnaires » de Benghazi, Tripoli, Zaouia, Ghariane et Zouara.

Au niveau local, les acteurs politiques et militaires ainsi que les communautés prennent de nouveau position en fonction de leurs intérêts propres et de leurs rivalités anciennes. C’est ainsi que la tribu des Machachiya, rivale traditionnelle des Zintan, opte pour Aube de la Libye. D’autres tribus de Tripolitaine qui avaient longtemps constitué des bastions kadhafistes en 2011 (Warshafana, Nawil, Siaan) rejoignent le général Haftar pour des raisons là aussi essentiellement locales, qui recoupent également la ligne de clivage de la guerre de 2011 entre insurgés et loyalistes. Dans le Sud, une partie des Toubous ayant pris position pour le général Haftar, certains groupes touaregs se déterminent par réaction en faveur du camp adverse. A l’exception des grands bastions kadhafistes que furent les villes de Syrte et de Bani Walid, qui refusent de prendre parti, la fitna (« division »), que beaucoup redoutaient dès 2011, s’étend à l’ensemble du pays. Loin de rétablir l’ordre, comme il l’avait initialement annoncé, le général Haftar précipite rapidement le pays dans une « seconde guerre civile ». Comme en 2011, chaque entité se fixe comme objectif la victoire totale sur l’autre.

Privilégier une solution diplomatique

Le 25 juin 2014, un mois après le lancement de l’opération du général Haftar, des élections législatives se déroulent sous la pression de la « communauté internationale », qui voit là une possibilité de légitimation d’une instance élue. Le taux de participation officiel ne s’élève qu’à 18 % (sans doute moins, en réalité). Prévue initialement pour siéger à Benghazi, la nouvelle Assemblée s’installe finalement à Tobrouk, dans le fief de M. Haftar. Sur un effectif de cent quatre-vingt-huit députés (sur deux cents théoriques), seuls cent vingt-deux assistent à la séance inaugurale du 4 août, certains élus originaires de zones opposées au général la boycottant. L’Assemblée nomme un gouvernement provisoire qui s’installe ensuite à El-Beida, autre bastion du général. Parallèlement, à Tripoli, contrôlé par la coalition Aube de la Libye depuis le 23 août 2014, les membres de l’ex-CNG désignent leur propre gouvernement « de salut national », accusant —non sans fondement— le Parlement élu de s’être rallié au général Haftar en s’installant à Tobrouk.

Les élections de juin n’ont fait qu’aggraver la crise, chacune des deux parties pouvant désormais se prévaloir d’une légitimité. Comme en 2011, les Etats occidentaux et les alliés arabes du général Haftar (Egypte et Emirats arabes unis, qui le soutiennent militairement, Arabie saoudite) ont rapidement choisi leur camp. Ainsi, aucune protestation n’a été émise contre l’action « éradicatrice » de mai, à l’exception d’un appel de l’ambassadrice américaine en Libye à « épargner les populations civiles ». En outre, l’ensemble de ces pays ont reconnu le Parlement de Tobrouk comme seul « représentant légitime » du peuple libyen dès le 4 août. Ce parti pris présente le risque d’exacerber les tensions et d’encourager les extrémistes des deux camps.

Dix mois après le début de cette seconde guerre civile libyenne, la situation n’appelle pas à l’optimisme. Si le bilan des combats est difficile à établir au niveau national, les chiffres communiqués par les instances médicales à Benghazi font état de plus de sept cents morts et cinq mille blessés depuis août 2014. Pour une ville de huit cent mille habitants, et compte tenu des nombreux disparus, dont certains ont probablement été tués, ce chiffre est considérable.

Outre l’intensité des combats à l’arme lourde entre milices, il s’explique par l’émergence d’une violence « de proximité » entre habitants de la ville, voire de même quartier, en fonction de leurs origines. Quant au nombre de déplacés internes en Libye, il est évalué par l’agence des Nations unies pour les réfugiés à environ quatre cent mille personnes.

De son côté, l’OEI, dont nombre de combattants libyens sont rentrés de Syrie à l’automne 2014 pour combattre le général Haftar, renforce son implantation à Derna au détriment des milices islamistes locales parties combattre à Benghazi. Elle a également réussi à implanter des combattants dans l’ex-bastion kadhafiste de Syrte, déserté par les tribus de Misrata qui l’occupaient depuis octobre 2011. Peu à peu, cette organisation tire profit de la guerre civile pour se développer, même si à ce jour elle ne dispose que d’une base sociale extrêmement limitée en Libye.

Le prolongement de ce conflit qu’aucun des deux camps n’est en mesure de gagner et la destruction du tissu social qui en découle menacent l’avenir de la Libye en tant que nation. Même si personne ne réclame officiellement une partition, on peut se demander comment les Libyens reconstruiront un projet de vie commun. Contrairement aux arguments des partisans d’une nouvelle intervention militaire étrangère, qui ne ferait qu’aggraver la guerre civile, l’une des pistes à explorer réside dans l’action du représentant spécial des Nations unies, M. Bernardino León. Avec patience, et dans les limites du mandat qui lui a été confié par le Conseil de sécurité, ce dernier tente d’inclure toutes les parties, y compris les acteurs locaux et certains chefs de milice, aux sessions de son dialogue national. Cette voie diplomatique privilégie la recherche d’une solution politique à l’heure où les tenants de la solution militaire demeurent nombreux, à l’intérieur comme à l’extérieur de la Libye.

http://www.monde-diplomatique.fr/2015/04/HAIMZADEH/52840
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