La Libye, les bandits-révolutionnaires et l’ONU
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La Libye, les bandits-révolutionnaires et l’ONU
La Mission d’appui des Nations Unies en Libye a présenté les conclusions
de son premier rapport. Pour Alexandre Mezyayev, celles-ci trahissent
le fait que l’ONU, loin d’encourager la paix comme elle est supposée le
faire en accord avec sa Charte, est désormais largement au service de la
politique de remodelage du Grand Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord.
Alors que la mission d’observation des bérets bleus débute en Syrie, il
convient d’être particulièrement attentif à ce que l’organisation et son
secrétaire général Ban Ki-moon se remettent au service du droit
international et non plus d’intérêts partisans.
Le Conseil de Sécurité de l’ONU a présenté
pour la première fois ses conclusions sur l’activité de la Mission
d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) depuis la création de
celle-ci en septembre de l’année dernière. À cette occasion a été
présenté un compte-rendu du Secrétaire Général de l’ONU sur la situation
dans le pays qui avait pour but de persuader les membres du Conseil de
la nécessité de prolonger le travail de la Mission. Ce qui fut fait : le
Conseil de Sécurité de l’ONU a rallongé de 12 mois le travail de la
MANUL et mis à jour son mandat. D’après le nouveau mandat, la Mission
reçoit pour objectif d’apporter de l’aide aux pouvoirs libyens dans la
définitions des besoins nationaux et des priorités sur tout le
territoire de la Libye, dans la mise en place du respect de la loi et
des Droits de l’Homme, dans la restauration de la sécurité des citoyens,
dans la lutte contre la vente illégale de toutes sortes d’armes et de
toutes sortes de matériels liés à l’armement (a été évoqué notamment le
cas des lance-missile sol-air portables).
Malgré les efforts du Secrétaire Général de l’ONU pour présenter
l’action du nouveau pouvoir en place en Libye de la façon la plus
positive possible, il a été impossible d’ignorer totalement la réalité
des évènements actuels dans le pays. Le rapport de Ban Ki-moon contient
des informations sur l’activité des forces militaires loyales à la
Jamahiriya Arabe libyenne qui continue de s’opposer aux occupants
OTAN-ONU et ses collaborateurs locaux. La résistance à lieu dans les
plus grandes villes du pays : Tripoli, Bani-Walid, Kufra etc.
Le secrétaire général de l’ONU, essayant d’amoindrir l’aspect
inquiétant de la situation, présente les coups d’éclats de l’opposition
comme de simples « altercations », et ça n’est pas la seule maladresse
de son rapport qui, non seulement ne permet en rien de comprendre ce qui
se passe réellement, mais qui rend la situation encore un peu plus
confuse.
Sensé
de part sa fonction être « le plus indépendant possible », Ban Ki-moon
s’est illustré en qualifiant de « catastrophique » le double véto russe
et chinois au Conseil de Sécurité et en reprenant sans vérification les
données fantaisistes fournies par l’Observatoire Syrien des Droits de
l’Homme basé à Londres. En Libye, il fait assurer le service après
guerre de l’OTAN par l’ONU et déclare que les forces de la coalition ont
suivi « strictement le cadre politique et juridique donné par le
Conseil de sécurité » alors que des crimes de guerre sont désormais
avérés.
Ainsi, en plus du nouveau pouvoir en place en Libye et des
« partisans de l’ancien régime » surgit de nulle part une troisième
partie : de soi-disant « brigades révolutionnaires ». De qui sont-elles
composées, quels territoires contrôlent-elles, qui se trouve à leur tête
– le rapport de Ban Ki-moon n’en dit mot. Néanmoins, à partir du
rapport nous arrivons à comprendre de quoi s’occupent ces brigades :
« les Brigades révolutionnaires » assurent les arrestations de personnes
suspectées de complicité avec l’ancien régime, les interrogatoires dans
des endroits inconnus ainsi que le contrôle des centres de détention
connus. Elles pratiquent la torture et maltraitent les prisonniers, ce
qui a entraîné la mort de certains d’entre eux. Ces faits ont lieu en
particulier dans les villes de Tripoli, Mistrata, Zintan et Gariane.
Désormais tout est clair : le nouveau pouvoir libyen n’y est pour
rien dans le désordre. Sont responsables de soi-disant « brigades » dont
l’existence reste à prouver. Alors apparaît une question : si ces
« brigades » s’approvisionnent en armes à Tripoli même, comment
arrivent-elles à échapper au contrôle du « gouvernement » ?
Le rapport du Représentant spécial à l’ONU Ian Martin est lui aussi
assez pitoyable. Se trouvant en Libye, M Martin était invité à
l’assemblée du Conseil de Sécurité justement pour éclaircir la situation
sur place. Néanmoins, il a lui aussi affirmé que certaines « brigades
armées » existent dans le pays, mais qui sont-elles et qui les dirige
demeurent des questions sans réponses.
Le représentant de la Libye à l’ONU Abdel Rahman Shalgham a été bien plus honnête, reconnaissant qu’« il existe des territoires sur lesquels le gouvernement n’a pas réussi à avoir le contrôle », où « il n’y a ni police ni tribunal »
et ajoutant que, selon lui, le nouveau pouvoir ne peut porter la
responsabilité des évènements se déroulants sur ces territoires.
Seulement voila, pour une quelconque raison A.R. Shalgham n’a pas
précisé où se trouvent ces territoires qui échappent au contrôle du
« gouvernement ».
D’après le droit international, un pouvoir en place est considéré
juridiquement comme « gouvernement » s’il a le contrôle du territoire
entier du pays. Ce sont les textes. En réalité, on considère de façon
non-officielle que le gouvernement doit contrôler ne serait-ce que la
majeure partie du pays. Ce qui n’est justement pas le cas du Conseil
National de Transition. C’est pourquoi les instances internationales se
trouvent obligées d’inventer des rapports proches du ridicule.
Les dirigeants au pouvoir de la « nouvelle Libye » savent qu’ils
peuvent se faire éjecter en un clin d’œil. C’est pourquoi le
représentant de la Libye au Conseil de Sécurité à l’ONU a tiré la
sonnette d’alarme : « Nous savons que certains anciens leaders du
régime de Kadhafi préparent un renversement. Au cours de ces derniers
jours ont été arrêtés des membres de groupes armés. Ils avaient mis au
point un plan de sabotage ainsi que des explosions de bombes à Tripoli.
Les agents de Kadhafi envoient du matériel en Libye afin d’organiser des
actes de sabotage ».
A.R. Shalgham a déclaré avoir envoyé au Conseil de Sécurité ainsi qu’à
la Cour Pénale Internationale des enregistrements téléphoniques dans
lesquels l’ancien premier ministre libyen Baghdadi Mahmoudi (qui se
trouve actuellement à Tunis) donne ses instructions personnelles pour la
réalisation du sabotage. Une semaine après, le « premier ministre »
libyen Abdel Rahim Al-Kib a pris la parole au Conseil de Sécurité en
suppliant d’annuler l’embargo sur la livraison d’armes en Libye.
Eh oui, le « gouvernement » se sent menacé ! Afin de sauver le régime
actuel, le Conseil de Sécurité a annulé l’embargo sur les livraisons
d’armes en Libye en accord avec le paragraphe 14 de la résolution 1973,
mais le Conseil n’a pas annulé les paragraphes 9 et 10 de la résolution
1970 (contenant les modifications apportées par la résolution 2009).
Malgré tout, le peuple continue de s’opposer au pouvoir nouvellement
mis en place. Mais voila, les « démocraties occidentales », celles-là
même qui se sont appropriées les ressources financières de la Libye,
n’ont pas daigné répondre à la supplication de restituer les fonds. La
résolution a seulement chargé le Comité des sanctions de « faire l’énumération des mesures restantes stipulées dans les résolutions 1970, 1973 et 2009 »
et ce, uniquement en rapport avec la Gestion des investissements
libyens et avec le portefeuille d’investissements africain de Libye. La
résolution a également émis l’hypothèse que le Comité puisse annuler ces
sanctions, mais seulement lorsque « le moment sera opportun ».
En ce moment même, et sous la protection de la Mission de l’ONU et de
son chef Ian Martin, se déroule le transfert vers la Libye de brigands
de « l’opposition » syrienne par les forces spéciales. Étant donné que
ce fait a été rendu public,
Ian Martin s’est efforcé de présenter les évènements comme s’il ne
s’agissait pas de combattants mais de « réfugiés » fuyant le régime
sanguinaire de Bachar Assad. N’importe qui connaissant sa géographie
comprendra que pour « fuir » de la Syrie vers la Libye, il faut
traverser la Jordanie ou Israël, puis ensuite le territoire égyptien. Et
tout ça pour offrir à ces réfugiés le pays d’accueil « idéal » ! Ce ne
sont pas des réfugiés mais coureurs de marathon ! Et à nouveau nous est
donné une explication dénuée de sens. Mais personne ne se soucie de
l’authenticité de ces explications. Les assemblées du Conseil de
Sécurité sont devenues depuis longtemps des modèles de cynisme et
d’hypocrisie, telle une scène où se répand le mensonge face au monde
entier et dont le but est de faire soutenir par l’opinion publique les
crimes les plus lâches et monstrueux.
Après
la chute de l’État libyen, les mercenaires « musulmenteurs » d’Al-Qaïda
avaient été convoyés en Syrie pour tenter de reproduire la même
stratégie contre le gouvernement de Damas. La résistance au régime mise
en place par David Cameron, Nicolas Sarkosy et Bernard-Henri Lévy
s’intensifiant, il est désormais nécessaire de les faire sortir du pays
et de les rapatrier d’urgence en Libye. Ce flux permanent de combattants
est assuré par la Mission de l’ONU de Ian Martin sous couvert « d’aide
aux réfugiés ».
Le 9 mars à Genève, lors de la session du Conseil des droits de
l’homme a été présentée officiellement une enquête de la Commission
internationale sur les violations des droits de l’homme en Libye. Son
président Philippe Kirsch (ancien président de la Cour pénal
internationale) a annoncé qu’en Libye ont été commis des crimes contre
l’Humanité ainsi que des crimes de guerre. Il a ajouté qu’il était
nécessaire de mener des enquêtes complémentaires sur l’action de l’OTAN
en Libye ainsi que sur les circonstances de la mort de Muammar Kadhafi
et de son fils Mouatassim.
Le représentant russe au Conseil de l’ONU pour les droits de l’homme a souligné le « manque d’équilibre »
du rapport de la commission internationale. Il s’agit bien sûr d’une
approche diplomatique. Le fait qu’à l’issue d’actions militaires de
l’OTAN en Libye beaucoup de crimes aient été commis se trouve être un
fait rendu public appuyé par des documents.
Nous pouvons rappeler par exemple les bombardements de Zliten le 9
avril 2011 qui ont conduit à la mort de plus de 80 personnes parmi
lesquels 30 enfants. Ou encore les bombardements du centre de télévision
de Tripoli en juin 2011. Il est étrange que le rapport de la Commission
n’évoque pas ces évènements ainsi que beaucoup d’autres (de grandes
importances) pendant lesquels la population a été tuée sous les bombes
de l’OTAN.
Bien que le rapport contienne un chapitre spécial intitulé « Mort de
Mouammar Kadhafi et de son fils Mouatassim », les conclusions faites par
les juristes paraissent étranges. Ainsi, la Commission affirme que
malgré ses demandes répétées, elle n’a jamais reçu de rapport d’autopsie
mais seulement des photographies du corps qui ne permettent pas
d’établir les raisons de la mort. Cela a permis à la Commission
d’émettre la conclusion qu’« il est impossible de qualifier de crime de guerre la mort de Kadhafi ».
Les membres de la Commission – des juristes dont les noms sont connus-
ont fait semblant d’être des petits nouveaux dans la jurisprudence et
n’ont vu ni enregistrements vidéos de Kadhafi ni preuves de son meurtre.
Le fait important qu’une fois fait prisonnier il ait été tué ne porte
apparemment aucun sens juridique du point de vue de ces avocats
expérimentés.
L’étude de la situation en Libye par le Conseil de Sécurité de l’ONU
en mars ainsi que les résultats de la Commission d’enquête ont montré
que l’on continue de transformer la Libye en une « zone d’ombre » de la
politique mondiale, une sorte de mélange à mi-chemin entre l’Irak et la
Somalie, où les armes passent de mains en mains échappant à tout
contrôle, où l’on peut puiser à volonté les ressources pétrolières du
pays et organiser des camps d’entraînements pour les combattants des
nouvelles révolutions. Mais n’oublions pas une chose : tant que les
forces d’opposition de la Jamahiriya libyenne restent debout, ce plan
peut encore échouer.
de son premier rapport. Pour Alexandre Mezyayev, celles-ci trahissent
le fait que l’ONU, loin d’encourager la paix comme elle est supposée le
faire en accord avec sa Charte, est désormais largement au service de la
politique de remodelage du Grand Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord.
Alors que la mission d’observation des bérets bleus débute en Syrie, il
convient d’être particulièrement attentif à ce que l’organisation et son
secrétaire général Ban Ki-moon se remettent au service du droit
international et non plus d’intérêts partisans.
Le Conseil de Sécurité de l’ONU a présenté
pour la première fois ses conclusions sur l’activité de la Mission
d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) depuis la création de
celle-ci en septembre de l’année dernière. À cette occasion a été
présenté un compte-rendu du Secrétaire Général de l’ONU sur la situation
dans le pays qui avait pour but de persuader les membres du Conseil de
la nécessité de prolonger le travail de la Mission. Ce qui fut fait : le
Conseil de Sécurité de l’ONU a rallongé de 12 mois le travail de la
MANUL et mis à jour son mandat. D’après le nouveau mandat, la Mission
reçoit pour objectif d’apporter de l’aide aux pouvoirs libyens dans la
définitions des besoins nationaux et des priorités sur tout le
territoire de la Libye, dans la mise en place du respect de la loi et
des Droits de l’Homme, dans la restauration de la sécurité des citoyens,
dans la lutte contre la vente illégale de toutes sortes d’armes et de
toutes sortes de matériels liés à l’armement (a été évoqué notamment le
cas des lance-missile sol-air portables).
Malgré les efforts du Secrétaire Général de l’ONU pour présenter
l’action du nouveau pouvoir en place en Libye de la façon la plus
positive possible, il a été impossible d’ignorer totalement la réalité
des évènements actuels dans le pays. Le rapport de Ban Ki-moon contient
des informations sur l’activité des forces militaires loyales à la
Jamahiriya Arabe libyenne qui continue de s’opposer aux occupants
OTAN-ONU et ses collaborateurs locaux. La résistance à lieu dans les
plus grandes villes du pays : Tripoli, Bani-Walid, Kufra etc.
Le secrétaire général de l’ONU, essayant d’amoindrir l’aspect
inquiétant de la situation, présente les coups d’éclats de l’opposition
comme de simples « altercations », et ça n’est pas la seule maladresse
de son rapport qui, non seulement ne permet en rien de comprendre ce qui
se passe réellement, mais qui rend la situation encore un peu plus
confuse.
Sensé
de part sa fonction être « le plus indépendant possible », Ban Ki-moon
s’est illustré en qualifiant de « catastrophique » le double véto russe
et chinois au Conseil de Sécurité et en reprenant sans vérification les
données fantaisistes fournies par l’Observatoire Syrien des Droits de
l’Homme basé à Londres. En Libye, il fait assurer le service après
guerre de l’OTAN par l’ONU et déclare que les forces de la coalition ont
suivi « strictement le cadre politique et juridique donné par le
Conseil de sécurité » alors que des crimes de guerre sont désormais
avérés.
Ainsi, en plus du nouveau pouvoir en place en Libye et des
« partisans de l’ancien régime » surgit de nulle part une troisième
partie : de soi-disant « brigades révolutionnaires ». De qui sont-elles
composées, quels territoires contrôlent-elles, qui se trouve à leur tête
– le rapport de Ban Ki-moon n’en dit mot. Néanmoins, à partir du
rapport nous arrivons à comprendre de quoi s’occupent ces brigades :
« les Brigades révolutionnaires » assurent les arrestations de personnes
suspectées de complicité avec l’ancien régime, les interrogatoires dans
des endroits inconnus ainsi que le contrôle des centres de détention
connus. Elles pratiquent la torture et maltraitent les prisonniers, ce
qui a entraîné la mort de certains d’entre eux. Ces faits ont lieu en
particulier dans les villes de Tripoli, Mistrata, Zintan et Gariane.
Désormais tout est clair : le nouveau pouvoir libyen n’y est pour
rien dans le désordre. Sont responsables de soi-disant « brigades » dont
l’existence reste à prouver. Alors apparaît une question : si ces
« brigades » s’approvisionnent en armes à Tripoli même, comment
arrivent-elles à échapper au contrôle du « gouvernement » ?
Le rapport du Représentant spécial à l’ONU Ian Martin est lui aussi
assez pitoyable. Se trouvant en Libye, M Martin était invité à
l’assemblée du Conseil de Sécurité justement pour éclaircir la situation
sur place. Néanmoins, il a lui aussi affirmé que certaines « brigades
armées » existent dans le pays, mais qui sont-elles et qui les dirige
demeurent des questions sans réponses.
Le représentant de la Libye à l’ONU Abdel Rahman Shalgham a été bien plus honnête, reconnaissant qu’« il existe des territoires sur lesquels le gouvernement n’a pas réussi à avoir le contrôle », où « il n’y a ni police ni tribunal »
et ajoutant que, selon lui, le nouveau pouvoir ne peut porter la
responsabilité des évènements se déroulants sur ces territoires.
Seulement voila, pour une quelconque raison A.R. Shalgham n’a pas
précisé où se trouvent ces territoires qui échappent au contrôle du
« gouvernement ».
D’après le droit international, un pouvoir en place est considéré
juridiquement comme « gouvernement » s’il a le contrôle du territoire
entier du pays. Ce sont les textes. En réalité, on considère de façon
non-officielle que le gouvernement doit contrôler ne serait-ce que la
majeure partie du pays. Ce qui n’est justement pas le cas du Conseil
National de Transition. C’est pourquoi les instances internationales se
trouvent obligées d’inventer des rapports proches du ridicule.
Les dirigeants au pouvoir de la « nouvelle Libye » savent qu’ils
peuvent se faire éjecter en un clin d’œil. C’est pourquoi le
représentant de la Libye au Conseil de Sécurité à l’ONU a tiré la
sonnette d’alarme : « Nous savons que certains anciens leaders du
régime de Kadhafi préparent un renversement. Au cours de ces derniers
jours ont été arrêtés des membres de groupes armés. Ils avaient mis au
point un plan de sabotage ainsi que des explosions de bombes à Tripoli.
Les agents de Kadhafi envoient du matériel en Libye afin d’organiser des
actes de sabotage ».
A.R. Shalgham a déclaré avoir envoyé au Conseil de Sécurité ainsi qu’à
la Cour Pénale Internationale des enregistrements téléphoniques dans
lesquels l’ancien premier ministre libyen Baghdadi Mahmoudi (qui se
trouve actuellement à Tunis) donne ses instructions personnelles pour la
réalisation du sabotage. Une semaine après, le « premier ministre »
libyen Abdel Rahim Al-Kib a pris la parole au Conseil de Sécurité en
suppliant d’annuler l’embargo sur la livraison d’armes en Libye.
Eh oui, le « gouvernement » se sent menacé ! Afin de sauver le régime
actuel, le Conseil de Sécurité a annulé l’embargo sur les livraisons
d’armes en Libye en accord avec le paragraphe 14 de la résolution 1973,
mais le Conseil n’a pas annulé les paragraphes 9 et 10 de la résolution
1970 (contenant les modifications apportées par la résolution 2009).
Malgré tout, le peuple continue de s’opposer au pouvoir nouvellement
mis en place. Mais voila, les « démocraties occidentales », celles-là
même qui se sont appropriées les ressources financières de la Libye,
n’ont pas daigné répondre à la supplication de restituer les fonds. La
résolution a seulement chargé le Comité des sanctions de « faire l’énumération des mesures restantes stipulées dans les résolutions 1970, 1973 et 2009 »
et ce, uniquement en rapport avec la Gestion des investissements
libyens et avec le portefeuille d’investissements africain de Libye. La
résolution a également émis l’hypothèse que le Comité puisse annuler ces
sanctions, mais seulement lorsque « le moment sera opportun ».
En ce moment même, et sous la protection de la Mission de l’ONU et de
son chef Ian Martin, se déroule le transfert vers la Libye de brigands
de « l’opposition » syrienne par les forces spéciales. Étant donné que
ce fait a été rendu public,
Ian Martin s’est efforcé de présenter les évènements comme s’il ne
s’agissait pas de combattants mais de « réfugiés » fuyant le régime
sanguinaire de Bachar Assad. N’importe qui connaissant sa géographie
comprendra que pour « fuir » de la Syrie vers la Libye, il faut
traverser la Jordanie ou Israël, puis ensuite le territoire égyptien. Et
tout ça pour offrir à ces réfugiés le pays d’accueil « idéal » ! Ce ne
sont pas des réfugiés mais coureurs de marathon ! Et à nouveau nous est
donné une explication dénuée de sens. Mais personne ne se soucie de
l’authenticité de ces explications. Les assemblées du Conseil de
Sécurité sont devenues depuis longtemps des modèles de cynisme et
d’hypocrisie, telle une scène où se répand le mensonge face au monde
entier et dont le but est de faire soutenir par l’opinion publique les
crimes les plus lâches et monstrueux.
Après
la chute de l’État libyen, les mercenaires « musulmenteurs » d’Al-Qaïda
avaient été convoyés en Syrie pour tenter de reproduire la même
stratégie contre le gouvernement de Damas. La résistance au régime mise
en place par David Cameron, Nicolas Sarkosy et Bernard-Henri Lévy
s’intensifiant, il est désormais nécessaire de les faire sortir du pays
et de les rapatrier d’urgence en Libye. Ce flux permanent de combattants
est assuré par la Mission de l’ONU de Ian Martin sous couvert « d’aide
aux réfugiés ».
Le 9 mars à Genève, lors de la session du Conseil des droits de
l’homme a été présentée officiellement une enquête de la Commission
internationale sur les violations des droits de l’homme en Libye. Son
président Philippe Kirsch (ancien président de la Cour pénal
internationale) a annoncé qu’en Libye ont été commis des crimes contre
l’Humanité ainsi que des crimes de guerre. Il a ajouté qu’il était
nécessaire de mener des enquêtes complémentaires sur l’action de l’OTAN
en Libye ainsi que sur les circonstances de la mort de Muammar Kadhafi
et de son fils Mouatassim.
Le représentant russe au Conseil de l’ONU pour les droits de l’homme a souligné le « manque d’équilibre »
du rapport de la commission internationale. Il s’agit bien sûr d’une
approche diplomatique. Le fait qu’à l’issue d’actions militaires de
l’OTAN en Libye beaucoup de crimes aient été commis se trouve être un
fait rendu public appuyé par des documents.
Nous pouvons rappeler par exemple les bombardements de Zliten le 9
avril 2011 qui ont conduit à la mort de plus de 80 personnes parmi
lesquels 30 enfants. Ou encore les bombardements du centre de télévision
de Tripoli en juin 2011. Il est étrange que le rapport de la Commission
n’évoque pas ces évènements ainsi que beaucoup d’autres (de grandes
importances) pendant lesquels la population a été tuée sous les bombes
de l’OTAN.
Bien que le rapport contienne un chapitre spécial intitulé « Mort de
Mouammar Kadhafi et de son fils Mouatassim », les conclusions faites par
les juristes paraissent étranges. Ainsi, la Commission affirme que
malgré ses demandes répétées, elle n’a jamais reçu de rapport d’autopsie
mais seulement des photographies du corps qui ne permettent pas
d’établir les raisons de la mort. Cela a permis à la Commission
d’émettre la conclusion qu’« il est impossible de qualifier de crime de guerre la mort de Kadhafi ».
Les membres de la Commission – des juristes dont les noms sont connus-
ont fait semblant d’être des petits nouveaux dans la jurisprudence et
n’ont vu ni enregistrements vidéos de Kadhafi ni preuves de son meurtre.
Le fait important qu’une fois fait prisonnier il ait été tué ne porte
apparemment aucun sens juridique du point de vue de ces avocats
expérimentés.
L’étude de la situation en Libye par le Conseil de Sécurité de l’ONU
en mars ainsi que les résultats de la Commission d’enquête ont montré
que l’on continue de transformer la Libye en une « zone d’ombre » de la
politique mondiale, une sorte de mélange à mi-chemin entre l’Irak et la
Somalie, où les armes passent de mains en mains échappant à tout
contrôle, où l’on peut puiser à volonté les ressources pétrolières du
pays et organiser des camps d’entraînements pour les combattants des
nouvelles révolutions. Mais n’oublions pas une chose : tant que les
forces d’opposition de la Jamahiriya libyenne restent debout, ce plan
peut encore échouer.
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